SCULPTURES - INSTALLATIONS

DEMANTELEMENT / Design week / exposition collective "L'utile et l'agréable" / Yvannoé Krüger / Poush Aubervillers, France / 2025

Plateforme en bois peint sur roulettes, deux chaises identiques, verre poli, élastique, 230 x 110 x 150 cm

La chaise a comme symbole la stabilité et le pouvoir. Elle est composée d’une assise, de piètements et d’un dossier. L’assise évoque les fondations, le fondement, les racines et les soubassements. Sur un plateau mobile, sont exposées deux chaises identiques, dans deux états différents : une chaise dont l’assise est fragile, en verre et l’autre démantelée, sans assise, rassemblée en fagot. Dans cette installation, j’utilise la chaise pour représenter un Etat et ses différents états de fragilité : un Etat sans fondation solide, un Etat qui a perdu toute fondation, démantelé. La plateforme mobile qui accueille les deux chaises intensifie cette instabilité. Cependant, potentiellement et symboliquement, comme un Etat, une chaise fragilisée et ou démantelée peut se reconstruire, à la condition cependant, de créer une nouvelle assise. 

 

 EMPRISE / 2022

Une chaise, des parpaings, hauteur et largeur variable

Une chaise coupée en deux dans sa hauteur est placée de part et d’autre d’un mur en parpaing en construction. Ici, la chaise symbolise l’être humain et le mur, les limites que l’on crée en soi et autour de soi. A travers cette installation, j’interroge notre rapport à la frontière et ce qu’elle induit. Est-ce que ceux sont elles qui nous divisent, nous coupent en deux ou est ce nous qui les maintenons, les enserrons ? Avons-nous besoin de cette limite en nous et face aux autres ? Quel équilibre engendrer ? Cette installation part également du fait que je suis « coupée en deux » affectivement, sensoriellement et politiquement, entre deux pays, celui de ma naissance et de mon enfance et celui dans lequel je vis.

 

DEMANTELEMENT EN COURS (depuis 2022) – toujours en cours de réalisation

Chaises trouvées abandonnées et ramassées dans la commune du Havre, élastiques

Ce projet est né de deux événements. J’arrive au Havre en 2021, je découvre une nouvelle ville, un nouveau territoire. Je suis assez chavirée par ce changement, comme si j’avais perdu mon socle. Je me sens démantelée. Je suis également sans atelier. Je me mets à parcourir la ville. Je repère régulièrement des chaises abandonnées dans l’espace public que je recueille au fur et à mesure de mes déambulations. Puis, la guerre entre l’Ukraine et la Russie est réactivée. Durant mon enfance au Maghreb, la guerre en Afrique a été régulièrement un sujet. Face à l’émoi européen pour cette nouvelle guerre, proche de nous, je réalise à quel point beaucoup de guerre dans le monde sont peu ou pas évoquées par les européens. Une question s’est imposée : combien de guerres y a-t-il eu depuis que je suis née ? Je les répertorie. La chaise est le symbole de la stabilité. Je décide que chaque chaise que je trouve représente un Etat qui fut ou est encore en guerre, un Etat démantelé. Je démantèle donc la chaise, puis la ponce pour retrouver l’essence du bois. Symboliquement, elles peuvent être remontées et retrouver leur stabilité. Les différents piétements  de la chaise se posent contre un mur tel des fusils ou s’alignent au sol, tels des corps. Puis la chaise se transforme en fagot. Si le point de départ est cet état des lieux sur le monde en guerre, cette installation évoque également cet état intérieur avant toute transformation et réparation.

Ici présentée en partie (29 fagots) au sein de l’exposition collective « Stools for thought », Yvannoé Krüger, Paris Design Week, Poush Aubervilliers, France, 2023 

 

 AUTOPORTRAIT / Atelier Blanc / Villefranche de Rouergue, France / 2016

Installation évolutive, carnets de notes depuis mon arrivée en France, dimension variable

Tapis de jeux, tapis d’éveil, tapis volant, tapis de prière, simple revêtement ou espace sacré…Dans chaque pièce dans la maison de mon enfance, au Maroc, il y a un tapis. Chacun a une fonction, il y a celui où on s’allonge pour se détendre, celui qui nous accueille à l’entrée, celui que l’on contourne,  celui qui illumine l’espace d’une pièce telle une énigme métaphysique à nos pieds. Le tapis de carnets que je présente est un autoportrait. Chaque carnet recèle des notes artistiques ou personnelles, depuis mon arrivée en France. A travers l’écriture, je me dépose ou me redresse. Dans un des carnets, il y a cette phrase: « mon corps est un territoire, un territoire est comme un corps ». Sans le prévoir, j’ai découvert en commençant cette installation que les questionnements et les sujets de recherches sont récurrents d’un carnet à l’autre, d’une période à l’autre, comme des obsessions. Eternel recommencement dont la somme me constitue. Au départ, j’ai souhaité déposer à terre ce mouvement obsessionnel pour l’interrompre puis finalement rassemblés, ces carnets produisent un corps intérieur, au travail, en devenir. Je souhaite qu’il soit une invitation à honorer le tapis de jeux, d’éveil, magique et de prière qui est en nous.

Présentée ici lors de l’exposition collective « 8éme irréversible », Yvannoé Krüger,  Poush Clichy, en France, 2022 

 

L'ACTEUR ET L'ARPENTEUR / Ferme Asile / Direction Véronique Mauron / Sion, Suisse / 2015

Une chaise, un cadre, une paire de bottes, un plateau en bois peint, roulettes

 

Ici sont rassemblés comme un hommage mes premiers outils pour rencontrer un lieu et y répondre : 

La chaise, échelle de référence, présence scénique, symbole…  

Le cadre, une fenêtre, une ouverture, un choix, une partie...

Une paire de botte...

 

Un plateau mobile porte une chaise. Il peut être déplacé dans l’espace publique ou être arrêté dans un espace d’exposition. Ce dispositif met en exergue la présence scénique d’une chaise et sa vibration tout en suscitant l’attente d’un événement. Il convoque tout autant la prise de parole de l’acteur que l’écoute du spectateur. J’ai découvert la puissance scénique de la chaise lors d’un exercice théâtral : une chaise était placée sur une scène et nous devions la regarder jusqu'à percevoir sa vibration au sein de l’espace tout entier. A ce moment là, nous étions autorisés à monter sur scène et sommer de devenir aussi présent que la chaise.

 

Présentée ici dans la Galerie des 3 Lacs, Université Lille 1, Villeneuve d'Ascq, France, 2016

 

 
 
INVEN(TERRE) / Ferme Asile / Direction Sion, Suisse / 2015

7 tiroirs, une mappemonde, un cadre et un texte

 

Répertorier, classer, ranger sans cesse les éléments d’un paysage intérieur ou extérieur puis trouver sept tiroirs dans la poubelle du Muséum d’histoire Naturelle de Paris. Découvrir toute la symbolique du chiffre 7 considéré comme magique, puis celle du tiroir tel un des compartiments de notre conscience. Les amérindiens pensent que nous sommes les héritiers des 7 générations précédentes et que nous sommes responsables de la transmission des 7 prochaines. Une sculpture qui interroge le devoir de transmission et convoque notre rapport à la terre « maman » (expression amérindienne) et sa magie.

Création en résidence de création / Ferme Asile, Sion, Suisse, 2015

Présentée ici dans la Galerie des 3 Lacs, Université Lille 1, Villeneuve d'Ascq, France, 2016

 
 
PORTRAIT DE FAMILLE / Ferme asile / Direction Véronique Mauron / Sion, Suisse / 2015
 
Mise en scène variable d'objets familiaux, le manteau de ma grand-mère paternelle, le livret A initié par mon grand-père maternel, un bijou et un face à main de ma grand-mère maternelle, des outils d’ébénisterie de mon grand-père paternel.
 
Je réalise un portrait de famille en exposant des objets que j’ai pris ou reçu de chacun de mes grands-parents. Je les choisis pour leur charge symbolique mais également pour ce qu’ils transmettent en tant qu’objet : transmission sur la mort, la féminité, l’argent, le travail. Les exposer me permet de les honorer comme exorciser leurs empreintes. Il s’agit d’un portrait de famille, personnel qui convoque tous les autres. On a tous reçus des objets qui nous soutiennent ou nous hantent. Chaque objet porte et ravive une histoire, un souvenir, une relation, une symbolique et une incarnation. A travers eux, on reçoit de la transmission et de l’information ainsi que toutes sortes de choses qui nous échappent, consciemment et inconsciemment. On garde certains objets familiaux et pas d’autres. On est attaché à certains objets et d’autres nous affligent. Ce portrait interroge notre relation aux objets qui nous entourent.
 
Présentée ici dans  exposition collective « On abstraction », direction Eduarda Neves, Poush Aubervilliers, en France 2022
 



PAYSAGES EN QUESTION / Ferme Asile, Direction Véronique Mauron / Sion, Suisse / 2015

Depuis des années, je déplace ces quelques mots, écrits, à la volée, sur un bout de papier : Pourquoi le bleu, pourquoi le vert, pourquoi la terre. Quand j'écris ces mots, je viens d'arriver à Paris. Je suis en manque de ciel, de prairie, d'arbre et de terre. Je réalise que ce manque s'associe au besoin de voir ces couleurs. Comme une question naïve ou enfantine sur les origines du monde, je me demande pourquoi ces couleurs et pas d'autres représentent les paysages ? Au delà des réponses apportées par la science, quelles valeurs symboliques engendrent elles ? 

Présentée ici lors de la résidence mission ARTU, Bibliothèque universitaire du Mont Houy, Valenciennes, France, 2016

 

 

AUTOPORTRAIT / PARIS / 2013

Briquettes de bois de palettes

98 x 8 x 220 cm

 

Un mur protège ou enferme. Une porte induit un passage de l’intérieur vers l’extérieur, du profane au sacré, du connu à l’inconnu, du conscient à l’inconscient. Contre un mur vient se poser un mur de briquettes sous la forme d’une porte de type orientale. A l’échelle de mon corps, elle indique mon passage du Maroc en France. Chaque briquette qui la mure représente une transmission ancestrale ou ce qu’elle induit. Cette porte murée évoque la richesse des transmissions mais également l’encombrement qu’elles génèrent. Avec cet empilement de briquettes qui obstrue la porte, je souhaite évoquer les murs que l’on crée en soi et qui nous encombre pour rencontrer les autres et le monde. Plus politiquement, j’évoque ces portes qui se ferment entre l’orient et l’occident. La fermeture des portes aux frontières conduit à une fermeture symbolique bien plus importante qu’on ne l’imagine. On ferme les portes au sacré, à l’inconscient et à l’inconnu qui est en nous.

 

Présentée lors de l’exposition collective « Border Line », Yvannoé Krugër, Pavillon Vendôme, Clichy, en France, 2022