INSTALLATION - IN SITU

 

ENTRE / Un Été au Havre / Direction artistique : Gaël Charbeau / Le Havre, France / 2024

Installation participative

25 chaises appartenant aux habitants, mâts, système rotatif, peinture phosphorescente

Entre 3 et 6 m de hauteur


25 chaises comme les 25 quartiers du Havre, au bout de 25 mâts de hauteurs variables se répartissent sur le triangle de pelouse entre deux axes routiers, l’avenue Foch et le boulevard François 1er. Les chaises ont été offertes par des habitants dans différents quartiers du Havre. Chaque chaise représente un quartier. Elle est retravaillée de manière unique avec des parties laissées brut et d’autres traitées avec des vernis blancs photosensibles, de façon à ce que leur surface réfléchisse la lumière durant la nuit. Montées sur des dispositifs rotatifs, elles s’orientent selon la direction du vent. L’œuvre se recompose ainsi de manière incessante, en fonction de la luminosité, de la météo mais également en fonction du déplacement du spectateur qu’il soit à pied, à vélo, en voiture ou en tram. Les chaises disparaissent alors au sein des immeubles Perret puis soudain, surgissent dans le ciel. J’ai souhaité rassembler symboliquement les 25 quartiers du Havre, les habitants présents, absents et à venir, dans cette embarcation triangulaire pour réunir les différents points de vue et être ensemble face à l’éventuelle montée des eaux. 

 

« En soulignant la nécessité d’adopter de nouveaux points de vue, l’artiste souhaite nous proposer une autre façon de faire société, dans une évocation sensible de l’écart entre les quartiers de la ville : villes haute et basse, ville détruite et reconstruite, ville immergée et émergée. Nous sommes ainsi invités à « occuper » mentalement ces sièges, à nous projeter dans cette chorégraphie laissée au bon vouloir des éléments, pour observer le monde et faire corps avec lui, autrement." - Un Eté Au Havre


 
 

 

SILENCE / Nuit Blanche / Mairie du 11ème / Paris, France / 2024

 

Installation performance

Charbons de bois posés verticalement

7 m de


Le cercle symbolise notre planète et le charbon les énergies fossiles. Les ressources de la terre s’épuisent et se renouvellent dans des temporalités contraires et ce cercle représente cette équation fragile. Durant une semaine, au centre de la cour de la mairie du 11ème arrondissement de Paris, je dépose verticalement, l’un après l’autre, des morceaux de charbon de bois, dans le but de remplir entièrement le cercle, jusqu'à la Nuit Blanche. Cela sera impossible. Cependant à travers cette installation performative, je souhaite convoquer notre mise en mouvement et notre pouvoir d’agir malgré l'énergie, le désir et la durée que cela exige. Tentative de réparation ?

 

Photographies suivantes : Ivan Boccara

 


L’ENJEU EST LA RENCONTRE QUELQUE SOIT SON ISSUE / Exposition collective « Nord-Est, une cartographie des résonances / Yvannoé Krüger / Poush Aubervilliers, France / 2024

 

Installation participative

29 chaises empruntées aux commerçants de l’Avenue Jean Jaurès à Aubervilliers

 

La longue avenue Jean-Jaurès, située à la limite entre Aubervilliers et Pantin est l'une des artères principales de ces deux villes. Elle est jalonnée de commerces et de restaurants, principalement fréquentés par les habitants d’Aubervilliers. Sur le chemin qui mène à Poush, centre d’art au 153 Avenue Jean Jaurès, je les croise, les dépasse ou m’y arrête. Cette activité  intense me rappelle ma ville natale, au Maroc, où les gens vivent beaucoup dehors. Pendant une semaine, je suis allée à la rencontre des propriétaires des divers commerces et restaurants où la chaise est très présente, afin de leur en emprunter à chacun une. L’enjeu est la rencontre quelque soit son issue. Il y a eu beaucoup de jolies rencontres et quelques refus. La chaise est un mobilier d’usage quotidien. Celle du restaurant ou du salon de coiffure, est là, partagée par beaucoup. Elle raconte les passages et des mémoires. Au sein de ce vaste espace de la coupole, consacré à l’art, on reçoit une partie de l’Avenue Jean Jaurès. Que ces chaises empruntées y convoquent notre humanité.

 

OVERDOSE / Epitopou / Andros, Grèce / 2015

 

Barque abandonnée « La sainte  Trinité », encastrée dans des murs en pierres sèches


Au moment où je suis invitée sur l’île d’Andros, en Grèce, les journaux titraient « La Grèce, berceau de la démocratie ? », « La méditerranée, tombeau de l’Europe ! ». L’association « Bateau, Berceau, Tombeau » s'est imposée. En arrivant sur l’île, je découvre son relief aménagé en terrasses souvent encore bien entretenues et plusieurs barques de pêcheurs abandonnées. J’ai vu alors des bateaux entrer et sortir de la terre, de partout, comme si la terre dégueulait ses morts, qu’elle n’en pouvait plus, de tous ce que les hommes vivent et s’infligent les uns aux autres, comme une overdose. La « barque » symbolise une mort initiatique, une transformation radicale. J’ai souhaité faire entrer et sortir la barque à travers les monts afin que les esprits des morts en soient libérés. Elle devient aussi une  métaphore de notre inconscient. Elle s’enfouit dans la terre, pour plonger dans le passé et en ressortir renouvelée. Notre inconscient s’ensevelit puis émerge à notre conscience, au gré des événements, comme dans un rêve. 

 

 

FRACAS / Nuit Blanche / Direction Isabelle Gabbach / Grange cistercienne, Abbaye de Maubuisson / Saint-Ouen l’Aumône, France / 2014

 

3600 briquettes en pin brut

7 x 365 x 890 cm

 

L’architecture impressionnante de la grange cistercienne de l'Abbaye de Maubuisson, construite au XIII siècle, est déséquilibrée par la disparition de son collatéral oriental. La symétrie a disparu. Le volume est tronqué. L’œil comme le corps bute contre les arcades murées. Ici, avec l'installation « Fracas », je pointe du doigt cette obstruction et évoque la chute du mur comme une réparation. De cet effondrement symbolique, il ne reste à terre plus que la forme de l'arcade murée et l'idée du vacarme qu'il a produit. Et après ce grand fracas, je souhaite entendre le lieu se remettre à vibrer... 

 

 Catherine Brossais CG91 copyright

 

 


CUERPO A CUERPO / Programme Hito « Turismo creativo en los pirineos » / Les Pépinières européennes pour jeunes artistes, Le gouvernement d’Aragon, l’Usine Tournefeuille / Broto; Espagne / 2011

 

Graviers, sable, parpaings, bois

Mur horizontal : 500 x 440 x 7

Mur vertical : 400 x 250 x 20

 

Je suis invitée à résider deux mois dans un village avec la question du « tourisme rural ». La région est fortement touchée par l’exode rural, beaucoup de villages alentours sont désertés et commencent à disparaitre. A l’inverse, les villages les plus accessibles investissement dans l’immobilier avec des matériaux nouveaux pour accueillir les touristes. On passe de la maison à l’immeuble, de la pierre au parpaing. Du coup, Broto compte cinq cent habitants l’hiver et trois mille l’été avec les vacanciers. Durant plus de la moitié de l’année, le village est « à volets fermés » et les infrastructures touristiques commencent à occulter le paysage. J’ai donc conçu deux murs, un horizontal et l’autre vertical en parpaings dans le jardin public, à mi-chemin entre la construction et la destruction pour évoquer avec les habitants les limites du tourisme rural. Parallèlement, le premier mois, je fus « l’étrangère » aux yeux des habitants. Symboliquement, j’ai voulu dans un premier temps faire « tomber le mur » puis ouvrir la fenêtre pour entrer en communication avec ce territoire.

 


 

Photographie suivante : Laurent Ballot

 


RÉUNION ou La mujer con las sillas / Programme Hito, Les Pépinières européennes pour jeunes artistesLe gouvernement d’Aragon, L’Usine Tournefeuille / Hecho, Espagne / 2010

 

62 chaises appartenant aux habitants

26 m de ∅ 

 

Durant toute mon enfance, annuellement, nous devions passer les frontières successives entre le Maroc, l’Espagne et la France. Dans les Pyrénées à Hecho, en Espagne, zone transfrontalière, je propose donc de travailler sur cette notion de frontière. En arrivant sur place, deux espaces typiques de la région m'ont marqué : la cheminée aragonaise, pièce circulaire à vivre et les parcelles agricoles toutes délimitées par des murs en pierres. En superposant ces deux espaces, j'ai souhaité reproduire la réunion des hommes par delà les frontières, les murs et les obstacles. Pour réaliser cette installation, j'ai frappé aux portes des maisons de Hecho pour emprunter des chaises aux villageois. Au fur et à mesure de mon séjour, le cercle évoluait en fonction du nombre de chaises que je recevais.

 


FRAGMENTS / 8ème Édition du festival Maettlé, Les Arts au Vert, « e pur si muove », AMA09,  année mondiale de l’astronomie  de l'Unesco / Stosswihr,  France


Sable, graviers, miroirs

5 m de ∅


Une œuvre inerte en perpétuel mouvement, la nuit, le jour et lorsque l’on tourne autour, à l’image de l’univers. « Œil du ciel », observatoire, flaque d’eau… ? Une forme circulaire fragmentée pour exprimer les multiples facettes du paysage alentour...

 

 

 

PLATEFORME

Les deux plateformes sont conçues pour virtuellement s’emboiter l’une dans l’autre et n’en faire qu’une. Proches d’un plateau scénique, elles induisent une attitude corporelle et pensive avec ce qui nous entoure afin d’éprouver notre rapport au monde : entre osmose et distance, entre prés et loin. Les deux phrases qui cernent les deux plates-formes sont conçues comme des rembarres sur lesquelles on prend appui pour regarder le paysage qui se développe tout autour de nous et celui qui se dévoile à nos pieds.

 

 

PLATEFORME / Festival  « L’été des Arts en Auxois-Morvan » / LE CRANE /Millery, France / 2009

 

Douglas, peinture

284 x 284 cm

 

Le spectateur est invité à monter sur cette plate-forme et à s’appuyer sur la phrase de Paul Claudel pour regarder le paysage alentour : « Suis-je de pierre ? Il me semble que les feuilles des arbres sont en toile, ou en tôle, et que tout l’air est un décor qu’on regarde ou non. ». Installée dans les anciennes douves du château de Chevigny, à fleur du sol, cette plate-forme fait l’effet d’un radeau qui flotte dans son environnement.

 


PLATEFORME / Festival  « l’été des Arts en Auxois-Morvan » / LE CRANE /  Drée, France / 2009


Douglas, peinture

390 x 390 cm

 

Le spectateur est invité à monter sur la plateforme et à s’appuyer sur la phrase de Valère Novarina pour regarder le paysage intimiste d’un carré d’herbe qui se trouve à ses pieds : « Toute cette herbe qui est là, est-elle en moi ? Est-elle de l’herbe quand elle est sans moi ? Et si personne la nomme ? Qui est l’herbe quand elle est sans nom ? ». Installée au centre d’un verger à Drée, à fleur du sol, cette plateforme semble jouer le rôle d’écrin et exposer le caractère tout à la fois fragile et précieux d’un morceau de « nature ». 

 


DAMIER / Lycée horticole de Blois, France / 2006

 

Charbon de bois, blanc de Meudon, gouache noire

 

LE SEUIL / Prorgramme YOUTH EYE / L’APARE (France-Provence) et Dumfries and Galloway Council (Ecosse)/ Le Beaucet, France / 2005


Pierres sèches , technique de la calade

50 x 40 x 350

 

Sur le plateau du Beaucet, dans le Lubéron, deux plateaux herbeux sont séparés par une haie végétale. Une ouverture s’est imposée dans la haie, par le passage improvisé des marcheurs, que l’on peut qualifier de « ligne de désir ». Avant la haie, le paysage en contre bas semblait fermé visuellement alors que passé l’ouverture, le paysage était totalement ouvert sur l’horizon. Cette ouverture évoquait donc une porte entre deux paysages. Afin de la signifier, j’ai décidé d’en construire le seuil, avec la pierre sèche des alentours, par la technique de la calade. Le seuil s'aligne sur l'horizontale du plateau inférieur et épouse la pente du terrain supérieur. Avec la technique de la calade, il devient non un mur mais un bout de "route" perpendiculaire au chemin existant. La région est réputée pour ses architectures en pierres sèches mais également pour ses ruines. J'aime à penser que des promeneurs s'interrogent sur ce morceau de calade : de quel vestige s'agit-il ? Où menait-il ? Un paysage est une écriture. Mon intervention est-elle une écriture supplémentaire ou un signe de ponctuation ?